Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 

Le nom du marin commence par :

Yves Talarmain

est né le 20 novembre 1886 à Ploudalmézeau (Finistère (29))

Fils de Jean et de Marie-Jeanne Salou, goémoniers et cultivateurs, Yves naît le 20 novembre 1886 au lieu-dit Kervao, près des dunes de Tréompan, en Ploudalmézeau.

Il est le dernier enfant d’une fratrie de quatre garçons, dont les deux aînés, Joseph et Yves, décèdent en bas âge. Son unique frère survivant, François, prendra la suite des parents à la ferme familiale de Kervao et exercera la profession de garde champêtre.

A l’issue d’une courte scolarité, Yves embarque dès l’âge de 15 ans en qualité de novice puis de matelot sur le "Lutèce", bateau de petite pêche côtière immatriculé à l’Aberwrac’h. Il naviguera près de cinq ans sur ce même bateau. La vie est très rude dans le pays des abers et, sur les sages conseils de sa famille, Yves décide de s’engager dans la marine nationale où il est incorporé le jour de ses 20 ans au 2e dépôt des équipages de Brest.

A l’issue d’une formation initiale au métier de marin, il rejoint l’ "Ecole des fusiliers" à Lorient pour y suivre le cours du brevet de fusilier. Il obtient son diplôme de spécialité le 1er décembre 1907, est nommé au grade de matelot de 2e classe et embarque, à Cherbourg, sur les croiseurs cuirassés "Dupleix", "Dupetit-Thouars" puis sur le contre-torpilleur "Baliste" jusqu’en septembre 1910.

Basé à Lorient, Cherbourg ou Brest, les embarquements s’enchaînent sur les croiseurs cuirassés "Marseillaise", "Gloire", puis sur les contre-torpilleurs "Sabre" et "Stylet" - à bord duquel il est promu quartier-maître le 1er octobre 1913 - et sur le "Bombarde".

Le 27 avril 1913, il épouse Anne Marie Louise Bellec à Ploudalmézeau. Louise (prénom usuel), originaire de la commune, a 22 ans et a fait des études de sage-femme. Le jeune couple élit domicile à Landéda jusqu’à la fin de la guerre 1914-1918 puis déménagera à Ploudalmézeau. De leur union naîtront : Victoire Marie Louise (appelée Lisette) en 1914, Yves Clément en 1916, Anna Jeanne en 1918 (décédée en bas âge) et Alain en 1922.

Le 2 août 1914, veille de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, Yves rallie le croiseur "Guichen" qui opère en mer du Nord pendant le deuxième semestre 1914 puis en mer Méditerranée.

Lors d’une escale à Toulon en juillet 1917, Yves débarque et fait un séjour à l’hôpital maritime puis rejoint Brest où on lui propose une affectation plus calme, mais il déclare "vouloir rester au service". Il se trouve alors versé dans la réserve armée active (R.A.A.).

Il rejoint, en novembre 1917, les canonniers marins de Rochefort, intègre la "13e batterie de l’artillerie lourde à grande puissance" (A.G.L.P 963) sur le front de Champagne et participe à la contre-offensive décisive des alliés conduisant à l’armistice de novembre. Il ne sort pas indemne de ces combats, il eut en particulier un doigt écrasé qui mettra beaucoup de temps à guérir.

A l’issue de la grande guerre, il embarque sur les avisos "Meuse" et "Ailette" affectés à la division navale de la Baltique nouvellement créée pour venir en aide au nouvel état polonais, avant de connaître, pendant quelques mois, sa première affectation à terre à l' "Ecole navale" de Brest.

Il est promu second maître, premier grade du corps des officiers mariniers, en octobre 1921, et est admis au cadre de maistrance, corps des officiers mariniers de carrière, en mars 1922.

Muté sur le croiseur cuirassé "Victor Hugo" en juin 1922, il y officie durant trois années et c’est à bord qu’Yves est décoré de la Médaille Militaire en juin 1925.

Après une seconde et courte affectation à terre à l’école des fusiliers marins de Lorient, il embarque sur le croiseur cuirassé "Jules Michelet" et effectue, sur ce majestueux navire, le tour du monde.

Son dernier embarquement sera à la "Flottille de la 3e région" de Lorient. Il rejoint ensuite le "2e dépôt des équipages" de Brest, là où sa carrière dans la marine nationale avait débuté, avant d’être admis à la retraite pour compter du 10 mars 1932 après plus de vingt-cinq années de services exemplaires.

L’heure de la retraite sonnée, il revient à Ploudalmézeau et vit paisiblement, s’occupant principalement de sa famille et de son jardin …

Il devient vice-président de l’association des médaillés militaires du canton, ce qui lui permet de rendre service autour de lui car cette association a l’entraide pour vocation. Elle lui permet aussi de tisser des liens locaux que ses longues absences au service de la marine ont forcément distendus.  Ces liens s’avèreront très utiles pendant la deuxième guerre mondiale. Son naturel droit, réservé et extrêmement discret, lui sera également très utile car il n’est pas de ceux qui cherchent à se faire valoir.

La seconde guerre mondiale éclate en septembre 1939.

Son fils aîné, Yves Clément, âgé de 24 ans est mobilisé au 65e régiment d’infanterie de Nantes avec le grade de sergent. A la tête de sa section, équipée seulement d’armes légères, il fait front aux blindés de Guderian à Watten, dans la grande banlieue de Dunkerque où les troupes anglaises et françaises ont retraité et se préparent à embarquer en catastrophe sous la pression allemande de la "blitzkrieg". Grièvement blessé le 26 mai 1940, il décède le surlendemain sans avoir repris connaissance et après avoir été soigné par les allemands dans une maison de Watten en compagnie d’un autre blessé allemand. Marié à Christiane Bénéteau, il était père d’une petite fille, Annick, âgée de 3 ans.

Son fils cadet, Alain, âgé de 18 ans, est en formation à l’école de maistrance de Brest à bord du navire école "Armorique" lors de l’arrivée de l’armée ennemie dans le port du Ponant. Il sert ensuite à Toulon, navigue sur le cuirassé "Jean Bart" puis sur le sous-marin "Aréthuse" avant d’assister sur un quai, effondré, en novembre 1942, au sabordage de la flotte française dans le port militaire de Toulon. Placé en congé d’armistice, il rejoint alors la pointe bretonne par des chemins détournés et aide son père dans les "Forces Françaises de l’Intérieur" (F.F.I.) en tant que servant de fusil mitrailleur.

Son neveu, François Talarmain, 23 ans, fils de son unique frère François, matelot gabier à bord du croiseur "Granville" disparaît au large de Saint-Valéry-en-Caux, le 13 juin 1940, au cours d’une évacuation de troupes alliées proche de l’endroit où son cousin Yves Clément est tombé trois semaines auparavant (voir biographie sur le site internet "auxmarins.net").

De juin 1940 à fin 1943, Yves appartient aux mouvements de résistance "Libération nord" et "Défense de la France". Monsieur Pierre Plouët, délégué F.F.I. de ces mouvements, par une attestation datée de décembre 1946 précise son rôle : " … a,  par tous les moyens remonté le courage des jeunes et des indécis – [et effectué la] distribution de tracts  "Défense de la France". Il mentionne également : "Français probe et courageux forçant l’estime de son entourage".

Spécialiste du maniement des armes, il se charge au début de l’année 1944, en compagnie de son fils Alain, également spécialiste du sujet, de la formation des jeunes recrues enthousiastes mais inexpérimentées du bataillon de Ploudalmézeau où il opère avec le grade d’adjudant.

L’attestation citée auparavant mentionne clairement son action : "… formation d’un groupe de résistance de 12 hommes qu’il a recruté lui-même parmi ses proches dont son fils Alain. Instruction militaire de ce groupe (maniement des armes, …) effectuée sur le terrain (dès janvier 1944). Incorporé au bataillon F.F.I. de Ploudalmézeau le 6 août 1944. A différentes reprises, a été désigné pour prendre le commandement de patrouilles (3 groupes de 12 hommes)".

Aux côtés des rangers de la "29e division d’infanterie américaine", début septembre 1944, durant les combats pour la prise d’Illien, Yves a l’épiderme de la main droite arraché par un éclat de mortier. Quelques soins lui sont prodigués et il retourne aussitôt au combat.

Le mercredi 6 septembre, à l’orée de la presqu’île de Kermorvan au lieu-dit Lanfeust, aménagée en forteresse par les allemands, en fin d’après-midi, par temps calme, deux patrouilles F.F.I., dont celle conduite par Yves "ont mission de contrarier les mouvements des allemands autour des anciens forts. Tout à coup, les mitrailleuses se déchaînent et des obus de mortier se mettent à pleuvoir. Ces armes sont disposées pour prendre la route en enfilade" a raconté Paul Simounet, F.F.I. du groupe d’Yves. Les résistants ont consigne de se replier en pareille circonstance. Ils le font en franchissant l’un après l’autre, aussi rapidement que possible, un carrefour à découvert de Lanfeust sous la couverture du fusil mitrailleur d’Alain Talarmain qui vide un chargeur entier. Son père, qui place ses hommes aux instants les plus judicieux pour minimiser les risques, s’engage en dernier… mais pas assez rapidement. Les allemands voyant la manœuvre qui a précédé, ont le temps d’ajuster leur tir… et il tombe frappé en pleine poitrine d’une seule balle qui le traverse de part en part.

Aidé par un résistant brestois et au prix de mille difficultés, Alain ramène le corps de son père au château de Kérousien (Ploumoguer) où une veillée funèbre fut organisée. Quatre F.F.I. en armes veillent le corps d’Yves toute la nuit.

Il était quasiment impossible  à Alain d'évoquer ce drame. Il écrira tout de même bien plus tard dans un courrier à l’administration :

"…mon père, chef de groupe F.F.I., sous les ordres duquel j’étais tireur au fusil mitrailleur a été tué à mes côtés le 6 septembre 1944, quatre ans après la mort de mon frère Yves Clément, tué pareillement, face à l’ennemi, à Watten dans le nord, le 28 mai 1940

 

Yves était un homme de foi. Il est resté dans la famille le souvenir du pardon de Trézien auquel il avait projeté de participer lors d’une permission certainement prévue pour le 8 septembre suivant, jour de la célébration de la nativité de Marie choisi pour ce pardon réputé.

Après son décès, Louise, son épouse, continue le métier de sage-femme et participe activement au relogement des réfugiés qui affluent dans la région de Ploudalmézeau pour fuir les bombardements qui détruisent la ville de Brest.

A la libération, elle est membre du "Comité local de la Libération" qui représente la population au niveau des comités cantonaux et départementaux de la Libération. Elue adjointe au maire de Ploudalmézeau lors des premières élections municipales après la guerre, elle occupe cette fonction jusqu’en 1956. A son décès, en 1970, elle a exercé son métier de sage-femme pendant 48 ans. Elle est connue de la plupart des familles du canton, ayant "présidé" à de nombreuses naissances et mené  avec compétence, dans des conditions souvent pénibles, une tâche difficile. Elle était chevalier de la santé publique.

La ville de Ploudalmézeau a débaptisé la route de Plouguin où Yves demeurait pour la dénommer "rue Yves Talarmain".

Une première stèle est érigée par la famille, près du hameau de Lanfeust, sur la route des blancs sablons au Conquet, à l’endroit même où Yves est tombé. Abîmée, dégradée, la commune de Ploumoguer l’a remplacée par une nouvelle inaugurée le 17 septembre 1994.

Le cours du brevet élémentaire/certificat d’aptitude technique de fusilier marin, session du 1er mars au 15 juillet 1981, porte le nom de "Cours second maître Yves Talarmain, Forces Françaises Libres".

Texte d’une attestation des F.F.I. du Finistère, bataillon de Ploudalmézeau, en date du 20 février 1946 : "Talarmain Yves, né le 20 novembre 1886 à Ploudalmézeau, retraité de la marine, habitant Ploudalmézeau, s’est offert spontanément pour contribuer à la formation d’un groupement de résistance en septembre 1943. Nommé chef d’un groupe dont il avait recruté les éléments, il fut constamment à la disposition du chef cantonal qui le chargea de différentes missions. Le 6 août 1944,  jour fixé pour l’entrée en action, Talarmain Yves prévient ses hommes et, bien que son âge eût pu l’en dispenser, prit le commandement de son groupe au maquis. Il participa ainsi aux opérations militaires qui eurent pour résultat la libération de la zone nord de Brest, jusqu’au 6 septembre 1944, jour où il fut tué en combat devant Illien, commune de Ploumoguer. Le fils aîné de Talarmain, sergent d’infanterie, fut tué en 1940. Son second fils, officier marinier, servait aux F.F.I. sous les ordres de son père. Talarmain Yves donna à tous un magnifique exemple de courage et de patriotisme. Signé : sous-lieutenant Salaün Fernand, adjoint au chef cantonal"

Yves a été nommé, à titre posthume, au grade de chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 20 janvier 1948 avec la citation suivante : "Entré dans la résistance le 1er juillet 1943. Incorporé au bataillon F.F.I. de Ploudalmézeau le 6 août 1944. Toujours volontaire, a effectué de nombreuses missions de reconnaissance dans la région nord-ouest de Brest. Mort au combat, à la tête de ses hommes, lors d’un engagement avec une patrouille allemande dans le secteur de Ploumoguer le 6 septembre 1944. Déjà cité."

Pour faits de guerre, Yves est promu par la marine nationale au grade de maître de réserve pour compter du 5 septembre 1944, veille de son décès.

Il était Maître.
Son unité : Forces françaises de l'intérieur (FFI)
  • Légion d'Honneur (chev.)
  • Médaille Militaire
  • Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
  • Citation à l'Ordre de la Brigade
  • Citation à l'Ordre du Régiment
Il est décédé le 06 septembre 1944.
Son corps repose au cimetière de Ploudalmézeau (29)
Son décès est inscrit à la commune de Ploumoguer (29)
Document portant la mention MPLF : Acte de décès

Forces françaises de l'intérieur (FFI)

Ecussons-FFI

Le 1er février 1944, à l’instigation de Jacques Bingen, la fusion des principaux mouvements de résistance intérieure qui s’étaient constitués dans la France occupée, allait donner naissance aux Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Cette organisation placée sous le commandement du général de Jussieu jusqu’à son arrestation en 1944 regroupait l’Armée Secrète (AS) d’obédience gaulliste et rassemblant les groupes « combat »...

Forces françaises de l'intérieur (FFI)
9501
Talarmain
Ploudalmézeau
Finistère (29)
20 novembre 1886
HF
181130,181131,181132,181133,181134,181135
Il a été décoré : Légion d'Honneur (chev.),Médaille Militaire,Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s),Citation à l'Ordre de la Brigade,Citation à l'Ordre du Régiment
Acte de décès 1944/24
C 12x17
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