Jean-Yves Madec-Cousin

est né le 20 mars 1910 à Le Cloître-Saint-Thégonnec (Finistère (29))

Jean-Yves Madec-Cousin naît le 21 mars 1910 au Cloître-Saint-Thégonnec (29), à environ 12 km au sud de Morlaix, en plein monts d’Arrée, dans cette Bretagne profonde où, à cette époque, la vie est rude. Son père, François Marie, et sa mère, Jeanne Marie Corre sont cultivateurs et gèrent une ferme au lieu-dit Penmerquès en cette commune. Malgré tout Jean Yves et sa sœur, Marie Renée, ont une jeunesse heureuse, tout au moins jusqu’en 1923 car leur maman décède prématurément cette année-là (Jean Yves n’a que 13 ans).

Plus tard, leur père se remarie. Au fil du temps, la fratrie comptera dix enfants, et les difficultés de la vie quotidienne vont influer sur l’avenir de tous.

Après une période de relative prospérité due, en particulier, à la culture du lin et du chanvre qui s’exportent sous forme de toiles vers l’Europe du nord par le truchement de la rivière de Morlaix, la région s’est appauvrie à la fin du XIXe siècle, et la Première Guerre Mondiale n’a fait qu’accentuer le phénomène. La natalité bretonne étant alors supérieure à la moyenne nationale, il est devenu difficile de faire vivre des familles souvent nombreuses, d’autant que la superficie des terres cultivables a régressé et donc leur prix augmenté. Aussi, certains se sont résignés à quitter la région, qui en direction de Paris, qui vers les Amériques, mais aussi vers le sud-ouest de la France, en particulier en Dordogne et dans le Lot-et-Garonne, où, à l’époque, la main d’œuvre manque et il est encore possible d’acquérir des terres agricoles à des prix abordables.

En 1929 plusieurs membres de trois familles de la région des monts d’Arrée se sont ainsi regroupés dans les alentours de Rayet, village situé à 28 km au sud de Villeneuve-sur-Lot (47), en Périgord : des"Madec-Cousin" du Cloître-Saint-Thégonnec, des "Le Gall" de Ploudiry et des "Coat" de Plouvorn.

Dans la lignée, Jean Yves aurait pu les suivre et embrasser le métier de cultivateur, mais à l’âge de 20 ans il doit satisfaire à ses obligations militaires. Le 14 février 1930, il se rend au "Bureau Matricule de recrutement de Brest" et contracte un engagement volontaire de 3 ans ; il est de ce fait matelot de 2e classe et un nouvel environnement s’offre à lui.

Le 6 mars, il entre à l’"Ecole des Opérateurs de Transmission" et, 6 mois après, ayant obtenu le16 septembre 1930 le brevet élémentaire de radio, est désigné pour la "2e Escadrille de Sous-Marins" de Brest où il reste une année et demie. Le 1er janvier 1931 il est promu au grade de matelot de 1re classe, et, le 1er octobre 1931 à celui de quartier-maître de 2e classe, avant de rejoindre, le 1er juin 1932, la "7e Escadrille de Sous-Marins" de Toulon. Il n'y reste que 7 mois, étant désigné comme opérateur radio pour la base aéronavale de Karouba, près de Bizerte (Tunisie) qu’il rallie le 31 mai 1933.

À cette période Jean-Yves pense moins au Cloître-Saint-Thégonnec qu’au Périgord, car au cours d’une visite à sa famille il a fait la connaissance d'Aline Le Gall.

Les "anciens" ont encore en mémoire cette "saga bretonne" qui s’illustra le 18 juin 1935 en la mairie de Rayet par un quadruple mariage entre trois familles (Célestine, Ernestine et Auguste Le Gall épousant Hervé, Pierre et Marie-Anne Coat), et, Aline Le Gall, de Ploudiry, mais née, plus précisément à Lampaul-Guimiliau, épousant le quartier-maître Jean Yves Madec-Cousin.

Et puis, un peu plus tard encore, un certain Hervé Madec, "un pays" originaire de Locmélar (29), sans lien de parenté avec Jean-Yves, mais simplement un bon copain qui l’avait accompagné au cours d’une permission où il rendait lui-même visite à sa sœur Marie Renée, se mariera avec une autre Marie, toujours de la famille Le Gall de Ploudiry installée désormais à la ferme "La Moutolle" en la commune de Rayet.

Le bonheur de ces couples qui vont se retrouver à plusieurs reprises à la faveur de différentes affectations des époux dans la Marine ne sera pas égal pour tous.

À l’issue de son affectation à Bizerte, le 5 mai 1936, Jean Yves rejoint pour quelques mois l’"École des radios", puis, à nouveau, les sous-marins basés à Toulon ("Centre des Sous-Marins" chargé de la formation et de l’entraînement, puis "5e Escadrille", unité dans laquelle il est promu second maître le 1er avril 1938).

Mais à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, l’état-major de la Marine décide de prêter main forte aux forces sous-marines britanniques pour bloquer la marine allemande dans ses bases et empêcher le Reich de faire main basse sur le fer suédois qui est exporté par les ports norvégiens. Les sous-marins français désignés sont ceux de la "16e Division de Sous-Marins" basée à Cherbourg (sous-marins de 600 tonnes "Sibylle", "Antiope", "Amazone" et "Orphée", ce dernier étant toutefois en carénage à Brest ), ceux de la "2e Division de Sous-Marins" basée à Brest (sous-marins de 1500 tonnes "Casabianca", "Sfax", "Achille" et "Pasteur" ) et ceux de la "13e Division de Sous-Marins" basée à Toulon (sous-marins de 600 tonnes "Doris", sur lequel se trouve Jean-Yves, "Thétis", "Circé" et "Calypso" ). Cette force, soutenue par le ravitailleur de sous-marins "Jules Verne" portant la marque du capitaine de vaisseau de Bellot doit rallier dans les meilleurs délais le port militaire de Harwich, au nord-est de Londres, pour constituer, provisoirement, la "13e Division de Sous-Marins" et monter des opérations combinées avec nos alliés.

Ceux de Cherbourg n’ont aucune difficulté pour être à poste dès le 22 mars 1940.

Ceux de Brest qui, après une difficile mission d'escorte de convois en Atlantique nord, ont pu bénéficier d'un trimestre pour effectuer des réparations et se remettre en conditions, arrivent à Harwich le 17 avril mais n'y restent en fait qu'une journée avant de partir pour une première patrouille ; à trois cependant, car le "Pasteur" victime d'une avarie de ligne d’arbre doit rentrer à Cherbourg. À l'issue de cette patrouille, les 1500 tonnes rallient le port de Dundee, en Écosse, pour constituer avec deux sous-marins britanniques et deux sous-marins polonais une flottille mixte occasionnelle.

Par contre, au départ de cette mission, ceux de Toulon sont dans une situation plus délicate car pour la plupart ils sortent de grandes réparations où refonte : c’est le cas de la "Doris" qui est restée un certain temps aux chantiers navals de La Ciotat (où d’ailleurs Jean Yves et Aline, son épouse, se sont installés quelques temps). Quand l’ordre de mise en route tombe, les sous-marins sont en remise en condition opérationnelle dans les parages de Bizerte ; ils se retrouvent avec des séquelles matérielles de carénage et ont devant eux un long transit pour gagner la Grande-Bretagne, puis combattre.

Le trajet se fait via Oran et Brest, où ils font encore quelques mises au point, pour arriver à Harwich en plusieurs groupes, l’un, le 14 avril, un autre le 20, la "Doris" ne partant de Brest que le 25 en compagnie de l’"Orphée" qui est sortie de son carénage avec retard.

En dépit d’un équipage solide, la "Doris" avait eu un certain nombre de problèmes matériels pendant ses essais après carénage, et ils perduraient. "On disait que c’était le bateau-avaries", et Jean Yves qui était pourtant connu pour être un boute en train avait lancé cette phrase terrible et prémonitoire en quittant sa famille lors de sa dernière permission : "Adieu, je ne vous reverrai plus".

Le 7 mai 1940, la "Doris" quitte Harwich pour gagner le secteur de surveillance qui lui est assigné.

À partir de cette date le sous-marin ne donne plus aucune nouvelle et ne répond plus aux ordres de routes qui lui sont donnés. Le 15, il est considéré comme perdu par l’Amirauté britannique, mais il n’y aura que peu d’informations communiquées aux familles de l’équipage à l’époque.

Plus tard, les recoupements de documents permettront d’affirmer que la "Doris" a été torpillée par le sous-marin allemand "U 9", mais son épave ne sera retrouvée qu’en 2003, découverte qui laissera de nombreuses années des familles, sinon dans l’espoir, du moins dans un deuil qu’elles ne pourront pas faire.

Par ordre 1191/FMF3 du 24 mai 1940, l’Amiral de la Flotte a cité à l’ordre de l’Armée de Mer le sous-marin "Doris" et le capitaine de corvette Jean Favreul, son commandant :

"A vaillamment pris part aux opérations des sous-marins alliés en mer du Nord. A disparu corps et biens au cours d’une mission de surveillance en zone minée par l’ennemi".

À la disparition de Jean Yves, son épouse Aline, qui n’avait que vingt ans, rejoindra, à Nojals-et-Clotte au sud-est de Bergerac, sa sœur Célestine (née Le Gall) dont l’époux Hervé (Coat) était prisonnier en Allemagne. Minée par le chagrin, elle décèdera sans descendance en 1948, à 33 ans, au lieu-dit La Plaine en ce village.

Aline était d’autre part une cousine du second maître canonnier Jean Alexandre Le Gall disparu à Mers-el-Kébir le 3 juillet 1940 sur le cuirassé "Bretagne" (voir biographie sur ce site).

Une plaque commémorative rappelant la tragédie du 8 mai 1940 a été apposée au monument érigé à Bray-Dunes, commune située à l’est de Dunkerque, à la frontière avec la Belgique.

Le nom de Jean Madec-Cousin est gravé sur le Monument des Sous-Mariniers de Toulon et sur le Monument aux Morts du Cloître-Saint-Thégonnec, village où il est né.

Il était Second maître - Radio.
Son unité : Doris
  • Médaille Militaire
Il est décédé le 07 mai 1940.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Rayet (47)
Document portant la mention MPLF : Acte de décès
  • Service Historique de la Défense de Brest
  • « La Doris (1930-1940) – Histoire d’un sous-marin perdu » (CV Jacques Favreul)
  • Internet (« Le groupe Jules Verne » – CV Jacques Favreul)
  • « Le Casabianca avant l’Herminier  - (Amiral Sacaze) – Editions France Empire
  • Revue « Cols Bleus » -N° 2723 du 27 novembre 2004 (Article de Marie-Amélie Forissier)

Doris

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Au début de la seconde guerre mondiale, en 1939, la France ayant la responsabilité du théâtre méditerranéen, c’est en Méditerranée que sont basés la plupart de ses sous-marins. Au début de l’année 1940, dans le but d’empêcher l’Allemagne de s’approvisionner en fer suédois transitant par le port de...

Doris
184203
Madec-Cousin
Le Cloître-Saint-Thégonnec
Finistère (29)
20 mars 1910
HE
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Il a été décoré : Médaille Militaire
Acte de décès
B 15x21